Votre glycémie à jeun est plus élevée en LCHF ou en cétose ? Cinq chose à savoir

Traduction d’un article du site Diet-Doctor  écrit par la docteure Anne Mullens et Andreas Eenfeldt MD

Au printemps passé, après 18 mois de grand succès avec l’alimentation cétogène, j’ai mesuré ma glycémie à jeun à l’aide de mon glucomètre personnel pour la première fois depuis des mois. Le résultat m’a surpris.

J’avais acheté cet appareil, qui mesure aussi les corps cétoniques, quand j’ai été diagnostiqué prédiabétique à l’automne 2015. Commençant l’alimentation cétogène, je vérifiais régulièrement mon sang. Rapidement, ma glycémie à jeun est revenue à un niveau santé. J’étais en cétose nutritionnelle optimale jour après jour. Non seulement ça, mais j’ai perdue 10lb (5kg) et me sentait super bien – pleine d’énergie sans avoir faim ou d’envies de nourriture. Rapidement, je pouvais prédire les résultats de mes mesures sanguines en me basant simplement sur ce que j’avais mangé ou fais. J’ai rangé mon glucomètre et continué ma joyeuse vie en cétose.

Quand mon médecin m’a prescrit quelques tests sanguins au printemps, j’ai ressorti mon glucomètre à nouveau. Malgré que je n’avais aucun problème de santé, une pression sanguine optimale et un poids stable, elle voulait voir comment mon cholestérol, mes lipides, HbA1c et ma glycémie à jeun se comportaient en alimentation cétogène – et j’étais curieuse aussi. Alors, afin de comparer les résultats de mon glucomètre avec ceux du laboratoire, le matin du test, assise dans mon véhicule à la clinique à 7 h 30, j’ai piqué mon doigt. J’espérais voir un joli résultat de glycémie à jeun (GAJ) de 4,7 ou 4,8 mmol/l (85 mg/dl).

Le résultat est apparu : 5,8! (103 mg/dl). Quoi? J’ai séché le test et je suis retournée à la maison – je ne voulais pas que ma docteure m’annonce que j’étais prédiabétique à nouveau quand je n’avais aucune explication à fournir pour ce résultat élevé.

Le lendemain matin, j’ai testé à nouveau : 5.9 (104). Hum ?

Durant les deux semaines suivantes j’ai testé ma glycémie à jeun, quoi que je fasse, elle restait entre 5,7 et 6,0 (de 102 à 106 mg/dl), le seuil prédiabétique.

Un matin, après une nuit sans sommeil, j’ai atteint 6,2 mmol/l (113 mg/dl). Mais ma cétonémie était tout de même optimale entre 1.5 et 2,5 mmol/l. Je brulais toujours du gras, pas du glucose. Quand je testais ma glycémie après les repas, elle ne bougeait pratiquement pas. Mon graphique de glycémie que j’enregistrais sur le site SugarStats représentait une ligne pratiquement droite, la valeur de glycémie à jeun étant la plus haute de la journée, de 12 à 14 heures après avoir ingurgité de la nourriture.

Qu’est-ce qui se passait?

Plusieurs personnes se demandent : ‘’pourquoi est-ce que ma glycémie à jeun le matin est plus haute en alimentation à faible glucide (LCHF) ?’’. Des douzaines de forums de discussion sur le cétogène et le paléo ont des discussions sur le sujet. Certaines des affirmations génèrent des craintes suggérant de manière non fondée qu’une alimentation à faible glucide déclencherait le diabète au lieu de le renverser. Certains membres des forums disent même qu’ils ont arrêté l’alimentation cétogène parce que leur glycémie à jeun élevée leur faisait peur.

Soyez sans crainte. Nous avons fait des recherches dans la littérature médicale et consulté des experts. Voici ce que vous devez savoir :

1. Relaxez, c’est normal – appelez ça ‘’adaptive glucose sparing’’ (refus adaptatif du glucose, traduction très libre…)

‘’Nous constatons définitivement que chez les personnes qui ont une alimentation basse en glucides à long terme que leur glycémie matinale à jeun devient leur plus haute valeur de la journée’’, nous dit la Dre Sarah Hallberg. ‘’Ils n’ont aucun problème de glycémie. Au contraire, ils sont parfaitement bien. Mais si vous regarder un enregistrement périodique sur 24 heures, vous verrez une valeur ‘’élevée’’ le matin et ensuite une baisse continue tout au long de la journée sans rebond lors des repas.’’

Le nom scientifique de ce phénomène est ‘’résistance physiologique à l’insuline’’ et c’est une bonne chose – contrairement à la ‘’résistance pathologique à l’insuline.’’

Les visiteurs réguliers vont savoir grâce aux Drs Jason Fung, Dr Ted Naiman et Ivor Cummins, la version ‘’pathologique’’ de la résistance à l’insuline est causée par des niveaux de plus en plus élevés d’insuline – l’hyper insulinémie – essayer de forcer le glucose à entrer dans des cellules déjà emplies. Ce type de résistance à l’insuline est une caractéristique importante du diabète de type II, du syndrome ovarien polykystique (SOPK) et autre maladie chronique.

Alors, nous appellerons la résistance physiologique à l’insuline ‘’adaptive glucose sparing’’ (refus adaptatif du glucose) un nom qui a été proposé par plusieurs afin de réduire la confusion. Le Dr Ted Naiman le décrit comme étant des muscles qui sont en ‘’mode de refus du glucose.’’

Avant de vous convertir à l’alimentation cétogène, nos muscles étaient les sites principaux d’absorption et d’utilisation du glucose dans le sang pour l’énergie. Dans le cadre d’une alimentation cétogène long terme, ils préfèrent maintenant le gras comme carburant. Alors les muscles résistent à l’action de l’insuline qui consiste à faire entrer le glucose dans les cellules comme source d’énergie, disant en gros :’’nous ne voulons ni n’avons besoin de votre glucose alors passez votre chemin. D’où la glycémie légèrement élevée, mais stable dans le sang. 1

D’où vient ce glucose quand vous n’en consommez pas et que vous consommez seulement des végétaux à feuilles vertes dans votre alimentation ? De votre foie via la néoglucogenèse – la création de glucose à partir de source non glucidique telle que les lactates, le glycérol et les acides aminés gluconiques provenant des protéines. C’est un processus de protection naturel qui a permis aux homo sapiens de passer au travers de centaines de milliers d’années de festins et de famines.

‘’Il n’existe aucune exigence essentielle pour consommer des hydrates de carbone (glucides) alimentaires, car l’humain possède une forte capacité à s’adapter à une faible disponibilité de glucides’’ nous dit le Dr Jeff Volek. Dans le foie d’une personne céto-adaptée, il note : ‘’la production de corps cétoniques augmente dramatiquement afin de remplacer le glucose à titre de carburant primaire du cerveau tandis que les acides gras alimentent la majorité des besoins en énergie des muscles squelettiques. La production de glucose via la néoglucogenèse fournit le carbone nécessaire pour les quelques cellules dépendantes de la glycolyse (Utilisation de glucose pour énergie).2

Pourquoi est-ce que la glycémie matinale est la plus forte de la journée ? C’est à cause del’aube, quand le cortisol, les hormones de croissance, l’adrénaline, et l’enzyme glucagon agissent sur le foie pour vous réveiller et vous permettre de bouger durant la journée. Stimulant aussi la néoglucogenèse pour les cellules qui auront besoin de glucose. ‘’C’est votre corps qui vous fait un petit déjeuner,’’ excepté que lorsque vous êtes céto-adaptés, vos muscles n’en veulent pas. 3

Le test HbA1c estime le niveau moyen de glucose dans le sang au cours des trois mois précédents en comptant le nombre de molécules de glucose collées sur les globules rouges. Dans le cas d’une alimentation faible en glucide l’HbA1c sera pratiquement toujours inférieur aux recommandations, démontrant un bon contrôle du glucose et que le diabète de type II n’est pas un problème pour cet individu. 4

2. L’insuline est bas – une importante différence

Comme le Dr Naiman l’a récemment écrit, mesurer seulement la glycémie à jeun sans mesurer l’insuline à jeun ne nous dit pas grand-chose. Simplement parce que deux personnes différentes pourraient avoir exactement la même glycémie à jeun, mais ne pas avoir le même niveau d’insuline circulant dans le sang. 5


Tout est dans la relation entre le glucose et l’insuline et comment ils travaillent ensemble. On appelle cela l’évaluation du modèle d’homéostasie de la résistance à l’insuline ou HOMA-IR (sans traduction, Homeostatic model assessment of insulin resistance). Le nom est imposant, mais il signifie simplement que le corps essaie toujours de conserver ses principaux systèmes en équilibre – appelé homéostasie. L’insuline travaille contre le glucose dans une tentative pour conserver la glycémie stable, c’est-à-dire en homéostasie. 6

Chez un individu – par exemple quelqu’un de prédiabétique de type II ou avec un syndrome ovarien polykystique – l’insuline peut être progressivement sécrétée en quantité de plus en plus élevée simplement pour maintenir la glycémie relativement stable. Bien que la glycémie à jeun puisse être toujours dans la plage normale, il faut des quantités toujours croissantes d’insuline pour l’y maintenir. Au fur et à mesure que la résistance à l’insuline se développe et que l’insuline devient inefficace à abaisser la glycémie, le glucose dans le sang va éventuellement monter trop haut.

Chez un deuxième individu – quelqu’un qui suit une alimentation cétogène depuis plusieurs mois et qui brule maintenant du gras comme carburant – seules de petites quantités d’insuline sont produites par le pancréas pour maintenir la glycémie stable. À ce moment-là vous n’êtes plus insulino-résistant, mais au contraire très sensible à l’insuline et vous n’avez besoin que de petite quantité d’insuline pour stabiliser votre glycémie.

Le graphique du Dr Naiman démontre que si vous connaissez votre glycémie à jeun et votre niveau d’insuline à jeun, l’équation HOMA-IR peut vous dire à quel point vous êtes sensible ou résistant à l’insuline. Si votre glycémie à jeun est à 5,7 (103) et que votre insuline est trop haute aussi, au-dessus de 12 yU/mlX, vous êtes résistant à l’insuline et en route vers le diabète de type II. Si votre glycémie à jeun est à 5,7 (103), mais votre insuline est sous 9 yU/mlX, vous êtes sensible à l’insuline et apparemment en mode de refus du glucose à cause d’une alimentation faible en glucides.

La plupart des médecins ne vérifient pas l’insuline à jeun en même temps que la glycémie à jeun. Vous devez habituellement le demander. 7

3. Comprendre le cortisol et son impact sur la glycémie sanguine

Nous vivons tous des vies stressantes, mais certains d’entre nous ont une plus grande difficulté à réduire ou à relâcher le stress. Ce fait peut jouer un rôle important sur la fatigue, l’insomnie ou le sentiment d’anxiété ou de tension constante que nous ressentons. Le cortisol est l’hormone du stress qui prépare la réponse physiologique de ‘’combat ou fuite’’. Et cela a une incidence directe sur nos niveaux de glucose.

‘’Une stimulation prolongée du cortisol va hausser la glycémie sanguine’’ note Le Dr Jason Fung qui a écrit un chapitre entier sur l’hormone du stress dans son bestseller Le Code Obésité. Dans ce chapitre il décrit comment le cortisol, relâché par les glandes surrénales, envoie un message au corps de relâcher du glucose pour se préparer en fonction de la perception d’une menace, stimulant la néoglucogenèse dans le foie. Dans les temps préhistoriques, cette montée d’énergie glycémique dans le sang devait servir à combattre ou à fuir. (Note du traducteur : l’énergie fournit par le glucose est plus ‘’explosive’’ que l’énergie fournit par les acides gras/corps cétoniques), mais de nos jours, ce stress est souvent maintenu ce qui provoque des niveaux élevés de glucose dans le sang (et des niveaux d’insuline élevés pour essayer d’abaisser la glycémie).

L’infirmière américaine Kelley Pound, une éducatrice LCHF qui tient un blogue sur le site LowcarbRN a porté un glucomètre qui donne une lecture de glycémie au 5 minutes pour voir quels impacts ont certains aliments et stimuli sur la glycémie durant la journée. Elle a découvert, bien que son alimentation était faible en glucides, que le stress avait le plus fort impact sur sa glycémie, bien plus que n’importe lequel des aliments faibles en glucide. ‘’Ma glycémie était en moyenne de 20 @ 30 points plus hauts les matins de nuits de moins de 7 heures de sommeil’’ nous dit Pound qui a décidé de concentrer sur la réduction du stress comme un élément clé de la gestion du diabète. ‘’Travailler si fort pour contrôler ma glycémie avec mon alimentation pour la voir partir en vrille à cause du stress m’empêche d’atteindre mes buts.’’

Moi aussi j’ai découvert les mêmes impacts du stress, spécialement avec le sommeil. Depuis le printemps, je fais du yoga en début de soirée et je me concentre sur des activités qui réduisent le stress (la peinture et jouer de la guitare le soir au lieu de naviguer sur Facebook ou d’écouter les nouvelles) et je porte des bouchons d’oreilles et un masque de nuit pour m’aider à améliorer mon sommeil. Ce faisant, ma glycémie matinale à jeun est revenue à un niveau normal le matin suivant.

Boire un verre de vin ou deux le soir peut abaisser la lecture aussi, car le foie métabolise l’alcool avant d’activer la néoglucogenèse, mais je ne veux pas boire quotidiennement.

4. Les glucomètres peuvent donner des mauvaises lectures

Bien que des raisons physiologiques peuvent causer des lectures de glycémie élevées, des raisons techniques peuvent en être la cause aussi. La F.D.A. permet que les glucomètres domestiques aient une variation de 15% dans les résultats. Ce qui signifie qu’une lecture de 100 mg/dl pourrait être réellement aussi basse que 85 mg/dl ou aussi haute que 115 mg/dl, une variation énorme! 9

Dave Feldman, l’ingénieur en logiciel qui a craqué le Code Cholestérol, a blogué à propos des variations de lecture des glucomètres, il a enregistré et pris des photos de ses deux glucomètres qui mesurait la même goutte de sang. Il a été surpris par les variations parfois énormes entre les lectures. Il note que maintenant, lorsqu’il obtient un résultat inattendu, il prend 3 lectures consécutives à quelques minutes d’intervalle et il fait une moyenne des trois résultats.

D’autres chercheurs ont noté que des résultats faussés peuvent être causés en piquant un doigt pour obtenir du sang avec des mains sur lesquelles on retrouve des traces de sucre ou de nourriture (simplement en touchant un morceau de fruit). La déshydratation hausse les résultats aussi. Vous devriez toujours vous laver les mains avant de vous tester, mais certains savons ont des additifs comme du miel ou une fragrance qui peut se déposer sur la peau et fausser le résultat. Tout comme des bandelettes qui sont trop froides ou trop chaudes ou d’autres conditions environnementales telles que l’altitude peuvent occasionner des résultats plus haut ou plus bas. Le simple fait que deux bandelettes proviennent de deux lots différents peut avoir un impact sur le même glucomètre.

Maintenant, tout comme Feldman, quand j’obtiens un résultat anormalement haut, je reprends une seconde lecture. Elle est souvent plusieurs points plus bas. 10, 11

5. Un mot à propos du diabète latent auto-immun chez les adultes (LADA)

Si toutes les informations contenues dans ce document ne peuvent expliquer les hausses de glycémie lors que vous suivez une alimentation basse en glucide et que votre glycémie continue  d’augmenter dans le temps, non seulement le matin, mais à d’autres moments de la journée, il pourrait y avoir un problème de diabète latent auto-immun chez les adultes (diabète LADA)
aussi parfois appelé diabète de type 1.5. 12

Les docteurs Hallberg et Fung disent qu’ils voient des diabètes LADA régulièrement parmi leurs patients qui peuvent avoir été mal diagnostiqué diabétique de type II, mais qui sont diabétique de type LADA.

Le diabète LADA est comme le diabète de type I dans le sens ou des anticorps attaquent les cellules du pancréas qui produisent l’insuline cependant il ne survient qu’à l’âge adulte, pas à l’enfance ou à l’adolescence. Les chercheurs ont noté que le diabète LADA possède des caractéristiques du diabète de type II aussi, mais les patients sont plus minces et ils ont plus rapidement besoin d’insuline parce que les cellules productrices d’insuline ont été détruites par les anticorps. Les taux les plus élevés de LADA sont situés au nord de l’Europe, ou près de 14% des diabétiques de type II en sont atteints. 11

‘’Je teste le peptide C et l’insuline chez tous mes patients dans mon programme de prise en charge intensive’’, note le docteur Fung. ‘’Je les revérifie au fil du temps et il faut souvent de 6 à 12 mois pour confirmer le diagnostic. Je soupçonne qu’environ de 5 à 10% de mes types II sont en fait des LADA.’’

Le docteur Naiman a des routines et des résultats similaires.

Heureusement, tout comme le diabète de type I ou de type II, l’alimentation cétogène est un moyen efficace pour les personnes atteintes de LADA pour maintenir leur glycémie aussi stable que possible. S’ils ont besoin de s’injecter de l’insuline, une alimentation faible en glucides leur permet de réduire la dose nécessaire pour contrôler l’hyperglycémie. ‘’Cela ne ralentira peut-être pas la progression de la destruction des cellules bêta, mais la réduction des glucides est une stratégie thérapeutique très efficace pour réduire la dépendance aux médicaments’’, note le docteur Fung.

Conclusion

Suite à toutes ces recherches sur la glycémie à jeun dans le cadre d’une alimentation cétogène, je ne suis plus inquiète lors de mes résultats élevés du matin. De toute façon, en portant une attention sur la réduction du stress un et en ayant un meilleur sommeil, mes résultats sont toujours normaux. Je continue d’être en cétose optimale, à aimer mon alimentation cétogène et ma vie en cétose!

Et en passant, quand je suis finalement allé passer ma prise de sang, j’ai obtenu d’excellents résultats. Mes lipides et mon cholesterol étaient excellents et mon HbA1c était de 5,3%. ‘’Continuez ce que vous faites ’’, a dit mon médecin. ‘’Vous etes l’image meme de la santé. ’’

Anne Mullens

AVIS : 

Le traducteur n’est pas un professionnel de la santé et les propos dans ce texte ne doivent pas être considérés comme étant des recommandations d’ordre médical. Avant de faire un changement à votre alimentation, spécialement si vous avez des conditions médicales particulières, veuillez consulter un professionnel de la santé. 

Vous voulez en discuter? Poser des questions? Rejoignez-nous dans le groupe Facebook Vivre faible en glucides-Groupe céto, kéto, carnivore, débutant à expert