La testostérone et l’alimentation moderne
Dernièrement, mon attention a été attirée par une publication sur Twitter qui disait ceci:
Traduction :
Voici un fait joyeux du vendredi.
Un homme moyen de 22 ans a aujourd’hui à peu près le même taux de testostérone qu’un homme de 67 ans en 2000. La testostérone moyenne est tombée près de 50% au cours des 2 dernières décennies et personne n’en parle. |
Je répète : Un homme dans la moyenne, de 22 ans, âge auquel la testostérone devrait être maximale, possède des taux équivalant à ceux qu’avait un homme de 67 ans, âge auquel les niveaux devraient être naturellement bas, en l’an 2000.
Préoccupant?
Source
Pour commencer, est-ce une affirmation gratuite ? Eh bien non. Cette affirmation est basée sur les résultats de quelques études scientifiques.(1), (2), (3)
Pendant ce temps :
En même temps que nous observons des taux historiquement bas de testostérone, nous observons également des taux de mariage à des niveaux historiquement bas (4), des taux de natalité à des niveaux historiquement bas (5), et les 18-29 ans auraient moins de rapports sexuels que tout autre groupe d’âge (avec environ 23% d’entre eux ayant des rapports sexuels nuls dans la dernière année!) (6). Tout ceci reste épidémiologique. Ça ne reste que des corrélations et aucune causation ne peut en ressortir. Mais certains des impacts, eux, sont connus.
Qu’est-ce que la testostérone?
La testostérone est une hormone stéroïdienne, du groupe des androgènes. Chez les mammifères, la testostérone est sécrétée essentiellement par les gonades, c’est-à-dire les testicules des mâles et les ovaires des femelles, à un degré moindre ; en plus faibles quantités, les glandes surrénales et quelques autres tissus produisent également de la testostérone. C’est la principale hormone sexuelle mâle et le stéroïde anabolisant. Bien que couramment appelée hormone mâle, elle est aussi celle qui est la plus présente chez les femmes.
Chez l’humain, la testostérone joue un rôle-clé dans la santé et le bien-être, en particulier dans le fonctionnement sexuel. Entre autres exemples, ses effets peuvent être une énergie accrue, une augmentation de la production de cellules sanguines et une protection contre l’ostéoporose. Étant un des principaux androgènes, la testostérone est nécessaire à un bon développement sexuel chez le mâle. (7)
C’est donc une hormone que nous retrouvons chez les hommes, mais aussi chez les femmes. Bien qu’étant une hormone sexuelle, elle a de nombreux rôles autres à jouer. Comme nous pouvons le lire, la testostérone joue un rôle clé dans la santé des humains. Une carence en testostérone peut ainsi occasionner des problèmes de santé importants et affecter la qualité de vie.
L’axe hypothalamo-pituito-gonadique (HPG)
Les hormones sexuelles sont produites, en proportion différente, par deux glandes périphériques, la majorité étant produite par les gonades, le testicule chez l’homme et l’ovaire chez la femme, et une faible proportion étant produite par le cortex de la glande surrénale. L’axe hypothalamo-pituito-gonadique (HPG) est le principal responsable de la production d’hormones sexuelles.
En conclusion
La testostérone est l’hormone la plus importante dans la santé masculine. Le vieillissement est caractérisé par une déficience en testostérone due à la baisse des niveaux de testostérone associés à une faible production testiculaire, des facteurs génétiques, l’adiposité et la maladie. De faibles taux de testostérone chez les hommes sont associés à la dysfonction sexuelle (faible désir sexuel, dysfonction érectile), à une réduction de la masse et de la force des muscles squelettiques, à une diminution de la densité minérale osseuse, à un risque cardiovasculaire accru et à des altérations du profil glycométabolique. (7) (8) (9)
Causes hypothétiques de cette baisse dans la population
Mais qu’est-ce qui pourrait affecter les taux de testostérones de la population? Plusieurs hypothèses sont retenues, les causes potentielles de ce déclin pourraient être l’obésité, les variations de dosage, l’alimentation/les phytoœstrogènes, le déclin de l’exercice et de l’activité physique, le pourcentage de graisse, la consommation de marijuana et les toxines environnementales.(10)
- L’obésité
- L’alimentation, incluant les phytoœstrogènes
- le déclin de l’exercice et de l’activité physique
- Le pourcentage de graisse
- La consommation de marijuana
- Les toxines environnementales
Vous voyez un schéma ? Enlevons la consommation de marijuana. Et maintenant ? Et quel changement dans le paradigme alimentaire est le plus important depuis 20 ans? Si je vous parlais de l’alimentation à base de plantes qui favorise les huiles végétales?
L’activité physique
Commençons par l’éléphant dans la pièce, l’activité physique. Oui, il peut y avoir une variation malgré que j’ai un doute sur ce sujet. De plus en plus, l’activité physique est valorisée. Bien qu’il puisse tout de même y avoir eu une baisse, pourrait-elle être assez significative pour avoir occasionné cette situation? J’en doute fortement.
Les toxines environnementales
Ensuite les toxines environnementales. Par exemple, le glyphosate. Nous savons pertinemment qu’il a un impact sur la testostérone. (11) (12) (13) (14). Quelle est la principale source de glyphosate dans la population? Les aliments à base de plantes. C’est sur celle-ci que ces pesticides sont répandus.
Les phytoœstrogènes
Les phytoœstrogènes ? Malgré toute la controverse, ils abaissent la testostérone. (15) (16). Le problème étant qu’on essaie de faire passer cela comme étant une bonne chose. Probablement comme le bon docteur Kellog et ses céréales qui désirait réduire la testostérone chez les hommes pour faire cesser la masturbation et le désir physique (17). Mais je crois plutôt que c’est une question économique. Ne vous laissez pas berner. Dans un rapport de cas sur une gynécomastie associée à la consommation de soja par un homme, il a été noté qu’après que le patient a cessé de consommer des produits de soja, « sa sensibilité mammaire s’est résorbée et sa concentration d’estradiol est lentement revenue à la normale.(18) (19)
Un rapport de Transparency Market Research prévoit que le marché mondial du soya augmentera à un TCAC de 5,0 % entre 2017 et 2025 pour atteindre 215,746 milliards de dollars US d’ici 2025, contre 146,23 milliards de dollars US en 2017. (20)
215 746 milliards de dollars dans le marché du soya. Ça fait quelques bonnes raisons pour ne pas parler de l’impact que les phytoœstrogènes peuvent avoir sur les taux de testostérones. Mais imaginons un instant que ce n’est pas le cas. Est-ce que d’autres mécanismes peuvent l’expliquer ?
Les carences nutritionnelles
Une alimentation équilibrée est un facteur important qui influe sur le maintien de l’homéostasie et le bon fonctionnement du système endocrinien. En cas de carence de certains nutriments dans l’alimentation, la synthèse d’enzymes ou de substrats, qui est essentielle à la synthèse de la testostérone, peut être perturbée. L’exemple d’un élément qui fait partie des enzymes liées à l’axe HPG est le zinc.
Le zinc
Le rôle du zinc est essentiel dans les niveaux supérieurs de l’axe, puisqu’il est un cofacteur des enzymes qui catalysent la synthèse des hormones tropiques LH et FSH. La carence en zinc dans un corps correspond à des niveaux de testostérone plus bas. La compensation des carences en zinc, à son tour, entraîne le rétablissement des niveaux de testostérone à ses valeurs physiologiques. (21)
Une carence en zinc?. Les régimes à base de plantes contiennent moins de gras saturés et de cholestérol et plus de folate, de fibres et de composés phytochimiques que les régimes omnivores, mais certains micronutriments, en particulier le zinc, sont peu biodisponibles. (22)
Le magnésium
Un autre élément dont le déficit peut diminuer les niveaux de testostérone est le magnésium (Mg). Même s’il n’existe aucune preuve scientifique pour prouver le rôle direct du magnésium dans la synthèse de la testostérone, sa faible concentration est positivement corrélée avec la concentration de l’hormone. Le mécanisme hypothétique responsable de cette régularité est l’impact de la carence en magnésium sur l’augmentation de la concentration en cortisol, l’hormone qui s’est révélée inhiber la sécrétion d’androgènes. (21)
Mais dans une alimentation à base de plante, nous avons suffisamment de magnésium qui s’y retrouve en grande quantité, non?
Au cours des dernières décennies, une baisse significative de la concentration de Mg dans les céréales, qui représentent la nourriture fondamentale pour des milliards de personnes, a été signalée, en raison de la fertilisation chimique lourde et les effets de la révolution verte, aggravé par le réchauffement climatique et les fortes concentrations de CO2. Aucune solution facile n’est prévue. Pour les personnes suivant un régime omnivore, les sources animales, à commencer par le lait et les produits laitiers, peuvent aider à compenser la teneur réduite en Mg des céréales. (23)
De plus, les sources végétales peuvent interagir avec l’absorption de Mg, ce qui réduit leur biodisponibilité en raison de leur teneur en fibres non fermentescibles (lignine, cellulose), en oxalate (OA) et en phytate (PA). Ces derniers sont deux anti-nutriments qui limitent l’absorption des sels minéraux, dont le Mg. On sait que Mg forme des complexes insolubles non absorbables avec de l’acide oxalique dans le tractus gastro-intestinal. En 2004, Bohn et ses collaborateurs ont évalué l’absorption de Mg à partir de deux sources végétales caractérisées par une teneur différente en acide oxalique, c.-à-d. Épinards (6,6 mmol oxalate) et chou frisé (0,1 mmol oxalate). Leurs résultats montrent que l’absorption moyenne de Mg avec les épinards est d’environ 35 % inférieure à l’absorption de Mg par le chou frisé en raison de la teneur élevée en oxalate des épinards.
La vitamine D
Et la vitamine D? En outre, on croit que la vitamine D joue un rôle dans la synthèse de la testostérone. En raison de la présence de VDR (récepteurs de vitamine D) dans les cellules de Leydig, on peut supposer que la vitamine D affecte l’axe HPG. La thèse est également corroborée par les études qui montrent que la compensation de la carence en vitamine D augmente les niveaux de testostérone. (18)
Qu’en est-il des niveaux de vitamines D chez les végétariens? C’est un fait connu et reconnu. Il est recommandé aux végétariens de se supplémenter en vitamine D. Par exemple, cette étude a démontré que :
L’apport alimentaire en vitamine D était significativement plus faible chez les végétaliens (P < 0,05, moyenne annuelle +/- écart-type = 0,09 +/- 0,06 microgramme/jour) et chez les lacto-végétariens (P < 0,05, 0,7 +/- 0,4 microgramme/jour) que chez les omnivores (4,0 +/- 2,1 microgrammes/jour). Aux latitudes septentrionales, l’apport alimentaire en vitamine D chez les végétaliens était insuffisant pour maintenir les concentrations de S-25(OH)D et de S-iPTH dans des plages normales en hiver, ce qui semble avoir des effets négatifs sur la densité minérale osseuse à long terme. (24)
L’hyperinsulinémie
L’insuline dans le sang et la testostérone sont inversement proportionnelles étant donné qu’elle fonctionne en antagoniste sur les adipocytes. (25) Donc, nous retrouvons des taux abaissés de testostérones chez les gens obèses et/ou atteints d’un syndrome métabolique (26), avec stéatose hépatique non alcoolique (27) et chez les gens avec résistance à l’insuline (28) (29) (30). Dans cette ère de pandémie de diabète de type 2, d’obésité et de foie gras, il est évident que cela a un lien avec la baisse de testostérone.
L’alimentation faible en lipides
En 2021, une revue systématique et méta-analyse (31) a démontré qu’une alimentation faible en lipides réduisait les niveaux de testostérones chez les hommes comparativement à une alimentation élevée en lipides.
Conclusion
Les recommandations alimentaires actuelles qui sont de manger le moins de lipides possibles, spécialement les gras saturés de sources animales, de manger une alimentation à base de plantes accompagnée d’huiles végétales, de réduire la consommation de viande, spécialement la viande rouge, dans un contexte où les gens sont de plus en plus sédentaires ont des conséquences. Les gens se tournent vers des sources de protéines alternatives comme le soya, les huiles industrielles comme l’huile de Canola et tombent dans le piège des produits transformés pseudo-santé végétariens. L’obésité, le diabète et la plus grande prévalence de cancer, d’Alzheimer et de Parkinson chez ces gens ne sont plus les seules menaces à la survie de notre société. Maintenant, c’est la fertilité qui est affectée. Peut-être serait-il temps de cesser de permettre aux industriels d’influencer nos recommandations alimentaires?
AVIS :
L’auteur n’est pas un professionnel de la santé et les propos dans ce texte ne doivent pas être considérés comme étant des recommandations d’ordre médical. Avant de faire un changement à votre alimentation, spécialement si vous avez des conditions médicales particulières, veuillez consulter un professionnel de la santé.
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