Érythritol et le risque de maladie cardiaque

Une étude publiée récemment fait beaucoup de bruit dans le monde de l’alimentation faible en glucides. En effet, cette étude soutient qu’il pourrait y avoir un lien entre l’érythritol et une augmentation du risque d’incidents cardiovasculaires et de thromboses. De nombreux experts de la sphère du faible en glucides se sont prononcés sur la question. Bien que je sois loin de me considérer comme un expert, et encore moins de la trempe de ceux qui se sont déjà prononcés, voici donc mon opinion de non-expert! 

Devriez-vous vous abstenir d’érythritol? Est-ce que cette étude a démontré qu’il y avait un lien entre sa consommation et les thromboses? Ou est-ce simplement une étude contre les édulcorants en général? Ce sont les questions auxquelles je vais tenter de répondre. Le texte est un peu long, j’en conviens. Si vous ne désirez pas lire l’ensemble de l’œuvre et uniquement avoir les réponses, vous pouvez passer à la conclusion. 

Afin de vous permettre de vous faire une idée par vous-même, je vais traduire les portions les plus importantes de l’étude qui seront en rose, et je les commenterai. Veuillez noter que je n’ai pas traduit l’ensemble de l’étude, question de ne pas écrire un article beaucoup trop long.

Qu’est-ce que l’érythritol ? 

érythritol

Avant commencer et de plonger dans le vif du sujet, prenons quelques minutes pour regarder ce qu’est l’érythritol. L’érythritol est un polyol ou un polyalcool de quatre atomes de carbones (C4). L’érythritol est produit par la fermentation. Il possède un pouvoir sucrant équivalent à 60 @ 70% du sucrose (sucre de table). L’érythritol est majoritairement bien toléré lors de la digestion comparé aux autres polyalcools, car 90% de l’érythritol consommé est absorbé par le système digestif et ensuite, il est rejeté inchangé dans l’urine.  L’innocuité de l’érythritol a été constamment démontrée dans des études animales et humaines. À noter que la dernière affirmation provient d’un papier financé par une entreprise qui produit de l’érythritol. Alors, à prendre avec un grain de sel.

L’érythritol est utilisé dans de nombreux produits faibles en glucides et est un des ingrédients de prédilection dans de nombreuses recettes de desserts faibles en glucides. Au contraire des autres polyalcools, l’érythritol ne serait pas fermenté par le microbiote. Une étude chez les animaux a démontré que l’érythritol avait le pouvoir d’empêcher la hausse de la glycémie et de l’insuline. Et fait important, des études ont même démontré des effets potentiels bénéfiques sur la santé cardiovasculaire chez les diabétiques.

Érythritol et le risque de maladie cardiaque, l’étude en question.

Le résumé

Les édulcorants artificiels sont des substituts du sucre largement utilisés, mais on sait peu de choses sur leurs effets à long terme et sur les risques de maladies cardiométaboliques. Ici, nous avons examiné le substitut de sucre couramment utilisé, l’érythritol et le risque de maladie athérothrombotique. Dans des études métabolomiques initiales non ciblées chez des patients subissant une évaluation du risque cardiaque (n = 1 157), les niveaux circulants de plusieurs édulcorants polyols, en particulier l’érythritol, étaient associés à un risque (3 ans) d’événements cardiovasculaires indésirables majeurs (MACE ; comprend décès ou infarctus du myocarde non mortel ou accident vasculaire cérébral). Des analyses métabolomiques ciblées ultérieures dans des cohortes de validation indépendantes américaines (n = 2 149) et européennes (n = 833) de patients stables subissant une évaluation cardiaque élective ont confirmé cette association (risque relatif ajusté du quatrième contre premier quartile (intervalle de confiance à 95 %), 1,80 (1,18–2,77) et 2,21 (1,20–4,07), respectivement). Aux niveaux physiologiques, l’érythritol a amélioré la réactivité plaquettaire in vitro et la formation de thrombose in vivo. Enfin, dans une étude d’intervention pilote prospective (NCT04731363), l’ingestion d’érythritol chez des volontaires sains (n = 8) a induit des augmentations marquées et soutenues (> 2 j) des taux plasmatiques d’érythritol bien au-dessus des seuils associés à une réactivité plaquettaire accrue et à un potentiel de thrombose in vitro et des études in vivo. Nos résultats révèlent que l’érythritol est à la fois associé à un risque de MACE et favorise une thrombose accrue. Des études évaluant l’innocuité à long terme de l’érythritol sont justifiées.

Dès le départ, le résumé met la table. Ce que nous pouvons tirer du résumé est que l’étude est divisée en 2 parties distinctes. Pour le reste, Regardons plus attentivement l’étude. 

Introduction

Les édulcorants artificiels ont été largement introduits dans la chaîne alimentaire au cours des dernières décennies pour réduire l’apport en sucre et en calories. Avec l’épidémie d’obésité croissante dans le monde, les édulcorants artificiels sont des ingrédients de plus en plus courants dans les boissons non alcoolisées, les aliments transformés et les produits de soins personnels. En fait, des édulcorants artificiels ont même été détectés dans l’eau souterraine et l’eau du robinet. Bien qu’ils soient généralement considérés comme sûrs par les organismes de réglementation (par exemple, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis et l’Union européenne), on sait peu de choses sur les effets à long terme des édulcorants artificiels sur la santé. Pour les patients atteints de maladies métaboliques, y compris le diabète de type 2 et l’obésité, il est fréquemment conseillé d’utiliser des édulcorants artificiels à la place du sucre pour améliorer le contrôle glycémique et aider à perdre du poids. Cependant, il existe de plus en plus de preuves épidémiologiques établissant un lien entre la consommation d’édulcorants artificiels et des phénotypes cardiométaboliques indésirables, tels que la prise de poids, la résistance à l’insuline, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires (MCV), y compris les complications athérothrombotiques et la mortalité cardiovasculaire. Des essais cliniques randomisés examinant la sécurité à long terme de la consommation d’édulcorants artificiels n’ont pas été réalisées (même pour les formes les plus précoces telles que l’aspartame et le sucralose). En effet, malgré l’incorporation croissante des édulcorants artificiels dans la chaîne alimentaire, leurs risques cardiovasculaires ont rarement été étudiés.

Bien qu’il soit vrai que l’engouement pour les édulcorants en général soit relativement récent, il n’est pas très juste de dire que très peu d’études ont été réalisées. Une simple recherche sur PUBMED pour le terme ‘’érythritol’’ permet de trouver 2506 résultats. 

érythritol

Il est exact que des études à long terme n’ont pas été réalisées, mais nous avons tout de même de nombreuses études à nous mettre sous la dent. De plus, ici, ils parlent des édulcorants en général. Donc, si je devais entrer tous les édulcorants les uns après les autres, je serais enseveli sous les études.

Maintenant, le point le plus important ici. On affirme qu’il existe de plus en plus de preuves épidémiologiques établissant un lien entre la consommation d’édulcorants artificiels et des phénotypes cardiométaboliques indésirables. C’est vrai. Mais ces études ne démontrent pas de causalité. Les études épidémiologiques ne peuvent pas prouver de lien de cause à effet. Les études épidémiologiques ne démontrent que des corrélations. Et ceci est un point sur lequel l’ensemble des experts sont d’accord à 100%. En conséquence, cette affirmation est fausse. Des études ont peut-être démontré des corrélations, mais aucune étude épidémiologique a démontré une relation de cause. Ensuite, ils allèguent : malgré l’incorporation croissante des édulcorants artificiels dans la chaîne alimentaire, leurs risques cardiovasculaires ont rarement été étudiés. Et ils citent une étude afin de valider leur point. 

érythritol

Cette étude :

Health outcomes of non nutritive sweeteners: analysis of the research landscape. Intéressant. Le problème est le suivant : cette révision systématique de la science sur les produits sucrants non nutritifs (SNN) faite dans les répertoires de journaux scientifiques tels que Ovid MEDLINE, EMBASE et Cochhrane a regardé pour des études sur les édulcorants suivants : 

  • ACE K
  • Advantame
  • Aspartame
  • Cyclamate
  • Extraits de fruit deLuo Han Guo
  • Neohesperidine DC
  • Neotame
  • Saccharin
  • Sucralose
  • Steviol glycosides
  • Thaumatin

Est-ce que vous voyez où je veux en venir? Ce papier n’a pas cherché d’études sur les polyols. Et surtout, pas sur l’érythritol. Nul n’est plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Une simple recherche sur PUBMED avec les mots clés ‘’erythritol cardiovascular’’ permet de trouver 55 résultats. Continuons. 

Les premières études ont impliqué des avantages potentiels, y compris un potentiel antioxydant rapporté dans des modèles animaux de diabète et une amélioration de la fonction endothéliale après 4 semaines d’ingestion d’une boisson contenant de l’érythritol chez des patients atteints de diabète. Cependant, dans une petite étude prospective, les taux plasmatiques d’érythritol chez les étudiants de première année ont été associés à une prise de poids incidente (9 mois) d’adiposité centrale.

Ici, ils citent une étude sur des étudiants de premier cycle universitaire qui semblait démontrer un lien entre l’érythritol et un gain de poids. Mais cette étude a été complètement démontée. C’était un papier dont la méthodologie était complètement défaillante et des conclusions totalement erronées. 

Ici, après que des études métabolomiques initiales non ciblées ont suggéré que les niveaux circulants de plusieurs polyols, en particulier l’érythritol, étaient associés à un risque (3 ans) d’événements cardiovasculaires indésirables majeurs (MACE = décès, infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral), nous avons examiné quantitativement la relation entre les niveaux plasmatiques d’érythritol et de MACE dans des cohortes de validation distinctes aux États-Unis et en Europe. Nous avons également examiné l’impact de l’érythritol sur la fonction plaquettaire chez l’homme à des niveaux observés après l’ingestion d’une boisson édulcorée artificiellement, et sur le potentiel de thrombose in vivo dans des modèles animaux avec lésion artérielle.

Donc, on explique que l’étude fut faite en 2 parties, une étude épidémiologique et ensuite une étude in vivo. 

Les résultats

Nous avons d’abord réalisé des études métabolomiques non ciblées dans une cohorte de découverte (n = 1 157) composée de patients séquentiels stables subissant une évaluation cardiaque diagnostique élective avec des données longitudinales (3 ans) sur les résultats. Parmi les composés plasmatiques connus associés au MACE, nous avons identifié plusieurs polyols, dont plusieurs sont couramment utilisés comme édulcorants artificiels dans les aliments. L’érythritol, l’un des édulcorants artificiels les plus largement utilisés avec une prévalence en augmentation rapide dans les aliments transformés et liés au «céto», figurait parmi les molécules candidates associées au MACE les plus importantes identifiées (risque relatif (HR) 3,22 (intervalle de confiance à 95% (IC) 1,91–5,41), P < 0,0001).

Ils ont commencé par une étude épidémiologique non ciblée. Ils ont regardé les prises de sang de 1157 patients avec des problèmes cardiovasculaires. 22% de ces personnes avaient un diabète de type 2. 72,2 % faisait de la haute pression. 75,5 % étaient atteints de maladies coronariennes. 16,7 % avaient déjà subi un arrêt cardiaque. Et ils ont regardé pour des polyols dans le sang. Ils ont séparé ces personnes en 4 groupes et ont remarqué que le groupe Q4 (celui qui avait le plus de polyols) avait de loin le plus grand nombre d’incidents cardiovasculaire sur 3 ans. Cette portion n’étant pas ciblée, ils ne pouvaient pas savoir de quel polyol il s’agissait. Ils ne voyaient que des polyols. Ils ont donc fait deux autres études, mais ciblées cette fois, sur deux autres cohortes. 2149 personnes pour la cohorte américaine et 833 personnes pour la cohorte européenne. Le même type de patient. Plus ou moins les mêmes pourcentages. 

Les deux cohortes ont été inscrites dans des centres de référence quaternaires avec de vastes zones de recrutement avec une prévalence élevée de maladies cardiovasculaires et de facteurs de risque, y compris le diabète de type 2 et l’obésité (c’est-à-dire les personnes pour lesquelles il est systématiquement recommandé d’éviter les sucreries et faire des efforts de perte de poids). Dans les deux cohortes de validation, les taux plasmatiques d’érythritol étaient plus élevés chez les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires prévalentes (P < 0,0001 chacune) ; des niveaux plus élevés d’érythritol ont également été observés chez ceux qui ont subi un incident MACE au cours des 3 années de suivi qui ont suivi (P <0,0001 chacun)

En gros, ils ont confirmé que c’était bien l’érythritol qui était présent et que les patients avec les événements cardiovasculaires, la quantité d’érythritol était plus élevée. Alors, le procès est clos. Le suspect est sur la scène de crime, il est coupable. De plus, quand vous passez sur une scène d’accident de voiture et que vous voyez une ambulance, vous savez que c’est l’ambulance qui a causé l’accident, car nous voyons des ambulances sur toutes les scènes d’accidents. Et que dire des feux? On voit des pompiers sur toutes les scènes d’incendies, alors, les pompiers causent les incendies. C’est bien connu. 

C’est définitivement là que la première partie de l’étude se désagrège. En aucun temps, ils n’ont tenté de déterminer si cet érythritol était de source exogène ou endogène. S’il provenait bien de l’alimentation des patients ou bien s’il venait du corps lui-même. Ai-je oublié de vous dire que le corps produit de l’érythritol? Oups! Désolé! Eh oui, le corps produit de l’érythritol par la voie métabolique du pentose-phosphate. Non seulement cela, mais devinez ce qui stimule cette voie métabolique? La résistance à l’insuline et le diabète de type 2.  Ca ne s’invente pas. Ils n’ont manifestement pas entendu parler de relation de cause à effet inversée. Et si c’était la condition médicale de ces gens qui causait le taux d’érythritol élevé?

Mais nous en reparlerons. Continuons avec l’étude.

L’association positive observée entre les taux d’érythritol circulant et le risque d’événements thrombotiques nous a amenés à explorer si l’érythritol avait un impact sur la fonction plaquettaire. Dans ces études initiales, nous avons pris soin d’utiliser des concentrations d’érythritol dans la fourchette observée parmi les échantillons à jeun examinés chez les sujets des cohortes de validation américaines et européennes.

On explique que, suite aux résultats obtenus, on a voulu vérifier une hypothèse qui pourrait expliquer pourquoi on voyait une association avec un taux élevé d’érythritol dans le sang et les incidents de thromboses. Une thrombose étant une artère obstruée par un caillot, l’hypothèse est que l’érythritol augmente la formation de caillots sanguins. 

Dans des expériences parallèles, une dose sous-maximale fixe d’agoniste plaquettaire (ADP ou TRAP6) a été utilisée et l’effet de l’augmentation des taux d’érythritol sur la réponse de l’agrégométrie plaquettaire a été surveillé. Dans la plage de concentration physiologiquement pertinente observée dans les échantillons de plasma à jeun, l’érythritol améliorait l’agrégation plaquettaire en fonction de la dose dans le plasma riche en plaquettes (PRP). En revanche, aucun effet sur les réponses d’agrégation plaquettaire n’a été observé avec le glucose, le polyol le plus courant, ou le 1,5-anhydroglucitol (AHG), un substitut polyol bien établi du contrôle glycémique.

Ils ont fait des expériences parallèles in vitro. En gros, l’érythritol augmentait l’agrégation des plaquettes (coagulation). Le glucose (qui est un polyol) non. 

Étant donné que les réponses d’agrégation dans le PRP peuvent être influencées par des facteurs indépendants des plaquettes, et pour tester directement si l’érythritol a un impact sur la fonction plaquettaire, nous avons isolé les plaquettes de volontaires sains, puis examiné l’effet d’une exposition brève (30 min) à des niveaux physiologiques d’érythritol par rapport à l’un ou l’autre des véhicules contrôle ou 1,5-AHG comme contrôle sur plusieurs indices de réponses fonctionnelles plaquettaires. Notamment, l’érythritol, mais pas le 1,5-AHG, a augmenté les concentrations intracellulaires de Ca2+ cytosolique dans les plaquettes humaines lavées après une exposition à une thrombine sous-maximale (0,02 U ml-1). De même, l’exposition de plaquettes humaines lavées à l’érythritol, mais pas au véhicule, au glucose ou au 1,5-AHG, a provoqué une amélioration dose-dépendante de plusieurs phénotypes d’activation plaquettaire, y compris l’expression de surface de la sélectine P stimulée par l’ADP et la glycoprotéine α2β3 (GP IIb/ IIIa) activation.

Étant donné qu’ils testaient des fioles de plasma riche en plaquettes et que de nombreux facteurs peuvent influencer l’agrégation des plaquettes, ils ont fait des tests avec des sujets ”en santé” et ont constaté que l’érythritol améliore la capacité des plaquettes à se lier entre elles.

Et c’est ici que cela devient vraiment intéressant. Pourquoi? Parce que c’est cette partie qui donne supposément la force à cette étude. Ils ont voulu démontrer le mécanisme de leur hypothèse dans une portion observationnelle. Ils ont trouvé une hypothèse avec la portion épidémiologique, une corrélation et maintenant, ils veulent la confirmer en démontrant le mécanisme. Ils ont donc entrepris de faire une expérience avec des humains. Et l’expérience a démontré que l’érythritol augmentait bien l’agrégation et ceci en fonction de la dose d’érythritol. Ce qui signifie que plus la quantité d’érythritol était élevée, et plus l’agrégation augmentait. Voilà, le procès est clos. Non seulement ils avaient des soupçons, mais ils ont observé les faits. Et pourtant.

Voici les problèmes avec cette portion de l’étude. Pour commencer le formulaire d’inscription de l’étude :

  1. Agrégation plaquettaire après ingestion de polyol (durée 30 mins)
    • Mesurer la fonction plaquettaire 30 minutes après ingestion en utilisant une mesure établie de plaquette in vitro
  2. Les changements par rapport au niveau de base de l’agrégation plaquettaire 30 minutes après l’ingestion de polyol (durée: Départ et 30 mins après ingestion)
    • Mesurer le changement dans la fonction plaquettaire avant versus après l’ingestion de xylitol ou d’érythritol utilisant la technique de spectométrie de masse.
  3. Le niveau de polyols suivant l’ingestion de polyols (durée 30 mins)
    • Mesurer le niveau de polyol sanguin après l’ingestion utilisant la technique de spectométrie de masse.
  4. Changement par rapport au niveau de départ dans le niveau de polyol sanguin 30 minutes après ingestion de polyol. (durée: Départ et 30 mins après ingestion)
    • Mesurer le niveau de polyol sanguin après l’ingestion de xylitol ou d’érythritol utilisant la technique de spectométrie de masse.
  5. Niveau urinaire de polyol après ingestion de polyol. (durée: 30 mins)
    • Mesurer le niveau de polyol sanguin après l’ingestion de xylitol ou d’érythritol utilisant la technique de spectométrie de masse.
  6. Changement par rapport au niveau de départ dans le niveau de polyol urinaire à 30 minutes après ingestion de polyol. (durée: Départ et 30 mins après ingestion)
    • Mesurer le niveau de polyol urinaire après l’ingestion de xylitol ou d’érythritol utilisant la technique de spectométrie de masse.

Généralement, ces formulaires listent un ou deux résultats visés. Ici, nous en avons six. Ce n’est pas une étude randomisée. Ce qui est majeur. Le formulaire demandait 40 inscriptions, mais ils donnent les résultats de seulement huit personnes. Où sont les résultats des 32 autres personnes? Ils ne correspondaient pas à ce que nous cherchions? Et si ces personnes avaient toutes une ou des caractéristiques communes qui favorisaient l’agrégation plaquettaire lors de l’ingestion d’érythritol? Quel était l’état de santé de ces personnes? On nous dit qu’elles étaient en santé. Alors, quels étaient les critères pour établir qu’elles étaient en santé? De nombreuses personnes sont résistantes à l’insuline sans être diabétique et sont considérées en santé.

Normalement, les résultats complets des observations sont inclus dans l’étude. Pas ici. Pourquoi? Voici leur explication bizarre

Traduction :

”Les données pharmacocinétiques rapportées dans ce manuscrit (Fig. 5) ont été acquises dans la première partie de COSETTE (l’acronyme de l’étude) pour identifier à la fois le moment des pics plasmatiques d’érythritol après ingestion et l’évolution temporelle de l’élimination de l’érythritol. L’enregistrement auprès de Clinicaltrials.gov et le protocole IRB pour COSETTE comprennent également une deuxième étude distincte et non chevauchante qui évalue les changements fonctionnels plaquettaires après l’ingestion. Ces études sont en cours et ne font pas partie de ce manuscrit. De plus amples informations sur la conception de l’étude peuvent être trouvées dans le protocole IRB et les plans d’analyse statistique sont fournis sous forme de fichiers supplémentaires.”

Donc, nous parlons d’un ensemble de données d’associations (la portion épidémiologique) qui pourrait très bien être une causalité inverse répétée trois fois, et ensuite une étude interventionnelle qui ne tente même pas de répondre à l’hypothèse la plus importante parce que cette étude est ”en cours”? Et ils publient cela dans Nature Medecine?

Nous avons en outre examiné l’effet de l’érythritol sur l’adhésion plaquettaire, l’étape initiale de la formation de caillots, dans le sang humain dans des conditions de cisaillement physiologiques à l’aide d’un dispositif microfluidique. L’érythritol a provoqué une amélioration significative du taux d’adhésion plaquettaire dépendant du collagène et de formation de thrombus. L’impact de l’érythritol sur le potentiel de thrombose in vivo a été examiné plus en détail chez la souris en surveillant à la fois le taux de formation de caillots et le temps d’arrêt du flux sanguin à l’aide d’un modèle de lésion de l’artère carotide induite par le FeCl326. Notamment, par rapport à la solution saline (véhicule) ou au 1,5-AHG, l’élévation des taux d’érythritol circulant a provoqué une amélioration marquée du taux de formation de thrombus et une réduction significative du délai d’arrêt du flux sanguin après une lésion artérielle.

Ils ont ensuite fait des tests sur du sang humain in vitro, et sur des souris. Dans tous les cas, l’érythritol semblait accélérer et améliorer l’agrégation des plaquettes et la formation d’un caillot. 

Étant donné que de nombreux aliments et boissons préparés “zéro calorie” ou “céto” peuvent contenir des quantités relativement importantes d’érythritol, nous avons pensé qu’il serait intéressant d’évaluer la plage physiologique des niveaux d’érythritol circulant observés après une exposition alimentaire pertinente. Nous avons ainsi examiné les taux plasmatiques postprandiaux d’érythritol chez des participants en bonne santé (n = 8) suite à la consommation d’une boisson sucrée à l’érythritol (30 g), une exposition à l’érythritol comparable à une seule canette de boisson sucrée artificiellement disponible dans le commerce, une pinte de crème glacée céto ou autres aliments ou boissons contenant de l’érythritol. Alors que les taux plasmatiques d’érythritol étaient faibles au départ (médiane (25e et 75e centiles), 3,84 (3,27–4,14) µM), ils sont restés 1 000 fois plus élevés (taux millimolaires) pendant des heures après l’ingestion (par exemple, à 30 min, 5,85 (4,30–7,68) mM), et est resté sensiblement élevé pendant plus de 2 jours chez tous les participants examinés (Fig. 5). Notamment, l’élévation des taux d’érythritol observée est restée bien au-dessus des seuils observés pour les concentrations d’érythritol qui provoquent des augmentations significatives de plusieurs indices de la fonction plaquettaire, y compris des augmentations dépendantes du stimulus (thrombine) du calcium intracellulaire (45 μM ; Fig. 3), ADP- ou réponses d’aggrégométrie stimulées par TRAP6 (18 µM chacune) et amélioration dépendante du stimulus de la sélectine P ou de l’expression de surface GP IIb IIIa activée (18 µM et 4, 5 µM).

Ici, on a testé à savoir si le fait de consommer de l’érythritol augmentait la quantité d’érythritol dans le sang. Ils ont donné +/- 30 g d’érythritol à huit personnes et ils ont mesuré une hausse de la quantité d’érythritol dans le sang. Pourquoi parlons-nous d’une hausse? Parce qu’il y avait déjà un peu d’érythritol dans le sang de ces personnes, le corps en produisant naturellement n’oublions pas.  

Nous venons de passer à travers le résumé de l’étude, la méthodologie et les résultats obtenus. Avant de passer à la section ‘’discussion’’ de l’étude, nous allons résumer ce que nous avons vu jusqu’à présent : 

  • Le résumé suggère que les édulcorants artificiels, en particulier l’érythritol, est associé à un risque plus élevé d’incident de thrombose vasculaire. 
  • L’utilisation d’édulcorants artificiels est relativement récente. L’érythritol et les polyalcools particulièrement.
  • Dans une étude épidémiologique, ils ont mesuré des taux plus élevés de polyols dans le sang de personnes ayant eu des pathologies cardiaques, dont des thromboses. 
  • Suites à de nouvelles études épidémiologiques, ils ont confirmé que ces polyols étaient principalement de l’érythritol. Cependant, ils ne savent pas si c’est de l’érythritol endogène ou exogène.
  • Par la suite, des expérimentations in vitro, interventionnelles sur des humains et sur des souris semblent démontrer un lien entre la quantité d’érythritol et la fonction plaquettaire. Une augmentation de l’érythritol semble augmenter l’agrégation et la coagulation.

Voici où nous en somme rendus. Maintenant passons à la section de ‘’discussion’’ de l’étude. 

Discussion

Dans les présentes études, nous avons utilisé une approche métabolomique non ciblée comme plateforme de découverte pour identifier les métabolites circulants associés au risque d’événement cardiovasculaire. Bien que la métabolomique non ciblée ne soit que de nature semi-quantitative, ces résultats qualitatifs suggèrent que plusieurs polyols en général, et l’érythritol en particulier, sont associés à des risques de MCV. Dans les cohortes de validation américaines et européennes, nous avons confirmé que les taux sanguins d’érythritol étaient associés à un risque incident d’événement cardiovasculaire indésirable indépendant des facteurs de risques cardiovasculaires traditionnels. Les analyses de sensibilité ont montré que cette association restait significative dans plusieurs sous-groupes différents dans les deux cohortes. De plus, grâce à des études mécanistes, plusieurs sources de données indiquent que des taux élevés d’érythritol peuvent contribuer directement à une réactivité plaquettaire accrue et à un risque de thrombose en améliorant la libération et l’agrégation intracellulaires de calcium plaquettaire en réponse à plusieurs agonistes. Plus précisément, l’utilisation d’un modèle préclinique de thrombose in vivo indique de manière similaire des taux plus élevés de formation de caillots et un potentiel de thrombose accru suite à une lésion artérielle lorsque les taux plasmatiques d’érythritol sont élevés. Nos résultats suggèrent la nécessité de nouvelles études d’innocuité examinant les effets à long terme des édulcorants artificiels en général, et de l’érythritol en particulier, sur les risques de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral, particulièrement chez les patients à risque plus élevé de MCV.

Ici, rien de nouveau, les chercheurs refont la synthèse de leur papier. C’est l’équivalent du résumé que nous avons fait avant de passer à cette section. Cependant, nous pouvons voir que les auteurs commencent à sauter à des conclusions un peu hâtives. Mais continuons.

L’érythritol est produit de manière endogène par la voie des pentoses phosphates et le métabolite est facilement observé dans la circulation. Nous supposons que les niveaux d’érythritol dans les deux cohortes de validation proviennent d’une combinaison d’ingestion et de production endogène. Alors que les échantillons à jeun dans la cohorte de validation américaine (où l’inscription a largement précédé la prolifération de l’érythritol dans les aliments transformés) reflètent probablement des niveaux endogènes, notre étude d’intervention montre clairement une élévation prolongée de l’érythritol après l’ingestion. Ainsi, même chez les personnes à jeun, les niveaux d’érythritol peuvent refléter les niveaux postprandiaux (par exemple, dans la cohorte de validation de l’UE plus récemment recrutée qui a recruté des participants jusqu’en 2018).

Les auteurs sont donc au fait que le métabolisme produit de l’érythritol. Super. Mais ils supposent que l’érythritol dans le sang de ces personnes est un mélange d’érythritol endogène et exogène! Non seulement cela, ils admettent que pour la cohorte américaine, l’inscription a largement précédé la vague d’érythritol dans les aliments transformés, ils persistent tout de même parce que le fait d’ingérer de l’érythritol augmente la quantité d’érythritol sanguin? Quand nous parlons de la vague d’érythritol, nous parlons de la vague provoquée principalement par la croissance de l’alimentation cétogène. Cette vague a commencé en mi-2017 en Amérique. On ne peut même pas parler de vague en Europe encore, et nous sommes en 2023. Manifestement, les auteurs ont dû creuser cette question. C’est d’une importance cruciale! Allons voir le prochain paragraphe : 

En raison de la découverte de procédés de fermentation microbienne qui ont permis la production industrielle à grande échelle d’érythritol dans les années 1990, l’édulcorant a été de plus en plus ajouté aux aliments transformés, avec une approbation rapide pour son utilisation dans de nombreux pays du monde (et les applications ne cessent d’augmenter). Les avantages potentiels de l’utilisation de l’érythritol comme édulcorant artificiel qui contribuent à sa pénétration rapide du marché comprennent une tolérance digestive élevée (une dose quotidienne allant jusqu’à 1 g kg-1 est bien tolérée), des effets non cancérigènes et antioxydants présumés et des améliorations qualitatives perçues de la douceur qui rendent l’érythritol commercialement utilisé pour édulcorer les aliments à la fois seul et comme édulcorant en vrac en combinaison avec d’autres édulcorants à haute intensité.

Non! Rien! Que du blah blah sur la popularité de l’érythritol! Peut-être plus loin? 

Des études rapportent que l’érythritol n’a pas d’effets insuliniques ou glycémiques à court terme; par conséquent, il a été considéré comme bien adapté aux patients souffrant de troubles du contrôle de la glycémie ou d’obésité. L’innocuité de l’érythritol a été évaluée par des études de toxicité animale à court terme et des études cliniques humaines rapportées avec ingestion jusqu’à 4 semaines. Sur la base de ces études, ainsi que de sa présence naturelle à la fois de manière endogène dans les tissus humains et dans les aliments (bien qu’à des niveaux 1 000 fois inférieurs à ceux utilisés comme additif dans les aliments transformés), l’érythritol est “généralement reconnu comme sûr” par l’UE et la FDA. L’Organisation mondiale de la santé/Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture du Comité d’experts des additifs alimentaires a attribué une dose journalière acceptable qui n’est pas spécifiée. La FDA n’exige pas la divulgation de la teneur en érythritol dans les produits alimentaires, ce qui rend ses niveaux dans les aliments en tant qu’additif difficiles à suivre. De nombreuses études épidémiologiques d’observation rapportent que l’utilisation d’édulcorants artificiels est associée à divers effets néfastes sur la santé, y compris la mortalité par MCV, tandis que d’autres ne le font pas. Une explication possible de ces résultats contradictoires est la difficulté de quantifier de manière fiable.

érythritol

De nombreuses études épidémiologiques, d’observations rapportent que l’utilisation d’édulcorants artificiels est associée à des effets néfastes sur la santé? Des études épidémiologiques ne peuvent pas démontrer de relation de cause à effets. Ils citent neuf études qui démontrent une association et deux qui n’en démontrent pas. La première étude du lot est celle-ci. Un bijou. Une méta-analyse qui a sélectionné 13 études sur 3478 afin d’étudier la relation entre la consommation de soda avec édulcorant et l’obésité. Non seulement les résultats sont pratiquement non significatifs, mais devinez ce que nous ne retrouvons pas dans ce papier? Le type d’édulcorant utilisé. De plus, comme l’étude a été publiée en avril  2017, je peux affirmer sans me tromper que la majorité des boissons gazeuses de type soda qui ont été consommées utilisait des édulcorants artificiels comme l’aspartame et qu’aucun ne contenait d’érythritol. Mais donnons la chance au coureur et alors voir une seconde étude. La 2ᵉ est une RCT sur le sucralose! Quel est le lien entre le sucralose et l’érythritol? Et la 3ᵉ ? La consommation de breuvage avec sucre, avec édulcorant et jus de fruits et le lien avec le diabète de type 2. Vous serez ravis de savoir que l’étude conclue qu’il y a un lien entre la consommation des trois types de breuvages, mais que le lien le plus fort est avec les breuvages avec sucre. Mais encore une fois, quel est le lien avec l’érythritol? Après vérifications, toutes les études citées sont reliées aux breuvages avec édulcorant. Aucune n’est reliée à l’érythritol. Cela commence à ressembler à une campagne contre les édulcorants, beaucoup plus qu’à une étude sur le lien entre l’érythritol sur les thromboses. Le reste de la discussion est une longue diatribe sur les édulcorants et conclut :

La présente étude suggère qu’après l’ingestion d’un aliment sucré artificiellement contenant des niveaux typiques d’érythritol comme édulcorant artificiel, les niveaux plasmatiques d’érythritol restent élevés pendant plusieurs jours, bien au-dessus des seuils nécessaires pour améliorer la réactivité plaquettaire dépendante du stimulus, même chez des volontaires sains. Nos études pharmacocinétiques sur l’érythritol ont servi à identifier les pics postprandiaux et la durée d’élimination. Sur la base de ces études pilotes sur un nombre limité de personnes, tous les sujets inclus avaient des taux plasmatiques élevés pendant environ 2 jours. D’autres études sont nécessaires pour examiner plus en détail l’impact des taux élevés d’érythritol postprandiaux chez les sujets, en particulier en présence d’insuffisance rénale et de maladies cardiovasculaires.

Cette conclusion ne prend pas en compte la condition de santé préalable des gens, ni la provenance de l’érythritol sanguin, ne démontre pas le mécanisme derrière l’hypothèse de l’augmentation d’agrégation plaquettaire et ne tient absolument pas compte du mécanisme de production endogène d’érythritol. Ils admettent que le corps en produit, mais ils ne savent pas pourquoi, quand, ce qui stimule ou inhibe la production, etc. Cela ne semble pas important à leurs yeux. En terminant, ils notent que leur étude possède plusieurs limites : 

Cette étude a plusieurs limites. La mesure de l’érythritol dans les études cliniques de cohorte n’a été effectuée qu’une seule fois en tant que niveau de jeûne nocturne au moment de l’inscription. La question de savoir si des mesures en série fourniraient une valeur pronostique améliorée pour les risques d’incidents cardiovasculaires reste inconnue. Étant donné que les patients de nos cohortes d’observation ont été recrutés dans des centres de référence quaternaires et présentent une prévalence élevée de maladies cardiovasculaires et de facteurs de risque traditionnels, la transposabilité de nos résultats à la population générale doit être déterminée. Cependant, dans nos analyses de sensibilité, il convient de noter que la valeur pronostique clinique de l’érythritol a été largement observée, y compris de nombreux sous-groupes à faible risque. Une autre limite de nos études observationnelles cliniques est que, de par leur conception, ces études ne peuvent montrer qu’une association et non une causalité. 

Enfin! Ils l’admettent!

Nous reconnaissons également la possibilité d’une confusion non modélisée (par exemple, l’alimentation) qui peut avoir (directement ou indirectement) impacté nos résultats par des facteurs qui ne sont pas inclus dans nos modèles. 

Cependant, nos nombreuses études mécanistes in vitro, ex vivo et précliniques avec l’érythritol fournissent la preuve que les associations cliniques observées découlent d’un lien causal sous-jacent entre l’érythritol et les phénotypes pertinents pour les MCV. 

C’est totalement faux. Un lien, oui, causal, non. Nous sommes très loin de la coupe aux lèvres ici! 

Nous notons également que les maladies vasculaires et la thrombose sont des phénotypes multifactoriels. L’association des taux d’érythritol circulant avec les risques d’événements cardiovasculaires et la formation accrue de thrombose dans les modèles précliniques peut donc impliquer des facteurs au-delà de la réactivité plaquettaire.

Effectivement, la thrombose est multifactorielle. Et oui, la réactivité plaquettaire est un phénomène très complexe qui n’est même pas bien compris à ce jour.

Ce qui en est vraiment

Voilà ce que dit cette étude. Maintenant, devriez-vous éliminer l’érythritol de votre alimentation? C’est la question à un million de dollars. Pour commencer, j’aimerais creuser un peu le processus par lequel le corps produit de l’érythritol. La fameuse voie métabolique du pentose phosphate. Restez avec moi, je vais tenter de vous vulgariser cela.

Pour commencer, est-ce une grande nouvelle qu’un niveau élevé d’érythritol est associé aux maladies cardiovasculaires et au diabète? 

L’érythritol sérique est un biomarqueur prédictif de l’apparition d’une maladie chronique et des complications associées. Dans une grande cohorte prospective, l’érythritol sérique de base était élevé chez les sujets qui ont développé une maladie cardiovasculaire (MCV) ou un diabète sucré de type 2 (DT2) jusqu’à 20 ans plus tard. Une autre étude récente a comparé des patients présentant des facteurs de risque cardiovasculaire qui ont développé et non une maladie coronarienne. L’érythritol sérique était significativement élevé chez ceux qui ont développé une maladie coronarienne. Il a également été démontré que l’érythritol prédit le risque de complications diabétiques, notamment la rétinopathie, la néphropathie et la raideur artérielle. L’érythritol sérique semble être un marqueur précoce et général du dysfonctionnement cardiométabolique.

Déjà en 2018, l’érythritol sanguin fut identifié comme un métabolite prédicateur de maladie chronique. Et ceci, 20 ans plus tard. Est-ce que nous parlons de personnes qui ont consommé de l’érythritol pendant 20 ans? 

L’érythritol est un polyol à quatre carbones dont on a récemment découvert qu’il était synthétisé de manière endogène chez l’homme. On sait peu de choses sur la régulation de la synthèse de l’érythritol. Hootman et al. a démontré pour la première fois que l’érythritol est produit à partir de glucose chez l’homme par la voie des pentoses phosphates (PPP) . Il a en outre été identifié que les enzymes sorbitol déshydrogénase (SORD) et alcool déshydrogénase 1 (ADH1) sont responsables de la catalyse de la dernière étape de la synthèse de l’érythritol à partir du glucose (à savoir la conversion de l’érythrose en érythritol) en utilisant le cofacteur NADPH. Ces résultats ont été validés dans des cellules de carcinome pulmonaire humain A549.

La découverte de la production endogène d’érythritol est relativement récente et on connait mal les mécanismes derrières. 

Le profil métabolomique entre les groupes phénotypiques définis par une glycémie plus élevée par rapport à une glycémie plus faible a été comparé en utilisant les concentrations d’HbA1c au départ de l’étude, et neuf métabolites avaient des valeurs nominales de P <0,05. Le groupe avec une glycémie plus élevée avait une concentration 22 fois plus élevée de méso-érythritol ( P nominal < 0,0001, FDR = 0,0002) et environ la moitié de la concentration de fructose (P nominal = 0,0006, FDR = 0,0302) par rapport au phénotype à glycémie plus faible.

Dans cette étude, le fait d’avoir une glycémie élevée équivaut à avoir un taux d’érythritol 22 fois plus élevé. Et ici, nous parlons d’érythritol endogène, fabriqué par le corps. Vous vous rappelez des cohortes utilisées au début? 22% étaient diabétiques! Entre 70 et 80% faisaient de l’hypertension. Entre 70 et 75% avait un problème d’artères coronariennes. Si je vous disais que ces personnes ont un syndrome métabolique, donc une résistance à l’insuline et probablement une glycémie élevée, je passerais pour un fou? Alors, si j’avançais l’hypothèse que leur condition métabolique favorisait une plus grande production d’érythritol endogène, est-ce que je serais un hurluberlu? 

Nous avons constaté que le traitement au peroxyde d’hydrogène pendant 8 h augmentait de manière significative l’érythritol intracellulaire sans diminuer de manière significative le pourcentage de cellules vivante. Comme prévu, le peroxyde d’hydrogène a également provoqué une augmentation significative du glutathion oxydé et une réduction du NADPH intracellulaire. Ces découvertes suggèrent que la synthèse de l’érythritol est augmentée en réponse au stress oxydatif et corroborent l’observation précédente selon laquelle une diminution des taux de NADPH n’affecte pas la capacité de synthèse de l’érythritol.

Le stress oxydatif augmente la synthèse de l’érythritol. Quand je regarde les cohortes utilisées, je ne vois que cela, du stress oxydatif. Ce sont des personnes dont le métabolisme est très atteint. Leur niveau de stress oxydatif est au sommet. Maintenant, en ce qui concerne l’augmentation de l’agrégation des plaquettes sanguines, de nombreux facteurs augmentent l’agrégation des plaquettes. Incluant l’hyperglycémie ou les BCAA . Je crois qu’on peut soumettre que les patients des cohortes souffraient d’hyperglycémie. 

Conclusion

Cette étude, comme vous avez pu le constater, est remplie de conclusions hâtives, de trous béants dans la méthodologie, de pistes non explorées. La fameuse conclusion obtenue ne correspond pas vraiment aux objectifs primaires de l’étude, toutes les données ne sont pas disponibles dans l’étude, ils donnent des excuses bizarres. Est-ce que cette étude est bonne pour la poubelle pour autant? La réponse est non. Cette étude soulève des questions intéressantes. Des hypothèses à creuser. Mais elle est loin de prouver que l’érythritol alimentaire cause des thromboses. Le fait que l’érythritol semble être relié à une plus forte agglomération reste un élément à approfondir. D’autres études sont nécessaires afin de réellement comprendre ce phénomène.

En conclusion, la réponse à la question à un million de dollars est la suivante, et elle n’est ni blanche, ni noire : si vous n’avez pas de conditions métaboliques comme un diabète de type 2, des antécédents de thrombose ou de coagulation excessive, cette étude ne démontre pas sans aucun doute, à mon avis, que vous devez cesser de consommer de l’érythritol de manière raisonnable. Si vous avez renversé un diabète de type 2 et que vos glycémies sont dans les normes, une consommation occasionnelle ne devrait pas être un problème. Et si vous êtes diabétique de type 2 et que vous avez adopté un mode d’alimentation faible en glucides, avec jeûne intermittent et prolongé, bien que la prudence soit de mise, une consommation en quantité raisonnable, occasionnellement, ne devrait pas non plus être problématique. Le 30 g testé dans cette étude est une très grande quantité d’érythritol. N’oubliez pas que l’érythritol est rarement pur, il est généralement mélangé à un autre édulcorant comme le fruit des moines ou le Stevia et rare sont les recettes dont une portion apporte 30 g d’édulcorants. 

Nous encourageons les gens à se défaire du gout sucré. Mais le gout sucré peut aussi être de mise lors d’un anniversaire par exemple. Je ne me priverai pas d’une part de gâteau cétogène parce qu’il contient un peu d’érythritol. Mais si vous avez besoin de sucré à tous les jours, à tous les repas, dans un tel cas, non seulement vous devriez vous abstenir d’érythritol, mais vous devriez vous abstenir de tous édulcorants, quel qu’il soit. 

PS. Je ne veux pas sembler prendre tout le mérite des arguments fait dans ce papier. Ils sont composés de mes observations, mais aussi, je me suis inspiré de nombreux experts que je lis.

AVIS :

L’auteur n’est pas un professionnel de la santé et les propos dans ce texte ne doivent pas être considérés comme étant des recommandations d’ordre médical. Avant de faire un changement à votre alimentation, spécialement si vous avez des conditions médicales particulières, veuillez consulter un professionnel de la santé.

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